GENÈSE, INSPIRATION DU PROJET
Au nord de l'Espagne dans l'Alto Aragon, dans les contreforts des Pyrénées, se trouve le village d'Ainielle.
Ainielle fait parti d'un vaste ensemble montagneux ou se trouvent nombre d'autres villages de ce type dans le Sobrepuerto et le Sobrabe. On les nomme en Espagne « los deshabitados » ou « despoblados ».
Ainielle fut abandonné progressivement de 1950 à 1973 pour des causes multiples : politiques industrielles et sociales de la dictature franquiste, isolement (accès uniquement pédestre), difficulté de la vie rurale et paysanne.
Ce village est le théâtre de la nouvelle « La Lluvia Amarilla », écrite par Julio Llamazares en 1988, dont la parution eu un très grand retentissement en Espagne.
Ce récit est le point de départ du projet artistique LA PLUIE JAUNE, on y retrouve la richesse des multiples thèmes abordés dans cette nouvelle (exode, solitude, folie), associés à sa forme (un long monologue où passé, présent, futur sont confondus), ainsi qu’à la beauté et l'incroyable puissance émotionnelle que dégagent ces lieux.

« Le départ de ceux de Casa Juan Francisco ne fut que le début d'un long et interminable adieu, le commencement d'un exode imparable que sous peu ma propre mort rendra définitif. Avec lenteur, au début, et, en fait en débandade par la suite, les habitants d'Ainielle – comme ceux de tant d'autres villages des Pyrénées- chargèrent sur leur charrette ce qu'ils purent, fermèrent à jamais les portes de leur maison et s'éloignèrent en silence à travers les sentiers et les chemins qui mènent au bas pays. On aurait dit qu'un vent étrange traversait tout à coup ce montagnes provoquant une tourmente dans chaque cœur, chaque maison. Comme si un jour, brutalement, les gens avaient relevé la tête, après tant de siècles, avaient découvert la misère dans laquelle ils vivaient et la possibilité d'y remédier ailleurs. Personne ne revint jamais. Même pas pour emporter des affaires laissées ici. Et ainsi, petit à petit, comme beaucoup de villages des environs, Ainielle se retrouva vide, solitaire et vide à jamais. »
LA CRÉATION
Le matériel utilisé pour le socle compositionnel est directement puisé sur place. Un travail de collectage d'informations est réalisé en plusieurs étapes (informations sonores, visuelles, récit original, prolongements poétiques et vécu). Les villages abandonnés des territoires de l'Alto Aragon représentent une source puissante d'inspiration...
La création est initiée en juillet 2017 par une résidence à Germ au Centre de Création « Chez Lily » dans la vallée du Louron (Hautes-Pyrénées) avec un premier collectage dans les villages du Sobrabe (Ainsa).
Cette méthode atypique de création favorise les allers-retours entre texte et musique, texte lu et enregistré, langue espagnole et française, écriture musicale et improvisation, sons concrets et sons musicaux, comme pour mieux cerner toutes les strates du roman, les multiples résonances du texte.

Line up
Xavier Camarasa fender rhodes, effets, compositions
Richard Comte guitare, effets
Julien Chamla batterie
Nicolas Jules voix, récitant
LA NOUVELLE
La Lluvia amarilla, la pluie jaune, de l’auteur espagnol Julio Llamazares, nous parle du dernier habitant d'Anielle, village « despoblado » des Pyrénées Aragonaises.
Fortement ancré dans un espace et un paysage ce roman touche pourtant à l'universel. Exil, mémoire, transition entre deux périodes, deux mondes, cet ouvrage fait résonner les tensions propres à notre époque.
Dans un rapport fort à la nature, au passé, au déroulement du temps, la nouvelle de Llamazares est un monologue puissant qui révèle ce que notre individualité entretient comme rapport avec la culture, l'environnement et comment l'histoire individuelle se fond avec l'histoire collective.
Enfin la puissance d'évocation de l'écrivain et la richesse de son style construit et déconstruit une fresque poétique et riche où réel et imaginaire, où passé, présent, futur s'entremêlent.

CONTACTS
Artistique : xavier5cmrs at hotmail point com
photos @Frank Morinière